Notre réflexion sur les baptêmes ne peut passer
sous silence le parler en langues, qui a fait couler beaucoup
d’encre et suscite encore de vives discussions, pour ne pas
dire plus.
Nous laisserons de côté ce que l’on rencontre
partout dans le monde, la glossolalie des religions et des sectes,
la xénoglossie des médiums et les autres
phénomènes psychologiques apparentés de
certains aliénés, car ce n’est pas
l’Esprit qui s’exprime dans ces cas-là. Allons
droit au but: Suffit-il de parler en langues pour être
baptisé dans l’Esprit comme l’ont
été les apôtres? La Pentecôte biblique,
qui est la naissance de l’Église par la
réception de l’Esprit, a-t-elle pu transformer
miraculeusement les nouveau-nés présents à ce
moment-là en adultes en Christ?
C’est le même Esprit qui remplit tous les disciples
dans la chambre haute lors de Sa venue, et chacun parlait "selon que l’Esprit leur donnait de
s’exprimer" nous dit Actes 2,4. Il s’agit
là de La naissance, du Baptême qui les fit entrer dans
quelque chose de glorieux, et il fallait que tous ceux qui
étaient dans ce lieu expérimentent la puissance
d’En-Haut pour indiquer que ce qui était en train de
se passer était pour l’Église. Tous sont donc
devenus des témoins de Jésus-Christ ce jour-là
avec force et hardiesse, mais tous étaient-ils semblables
aux apôtres parce que la gloire de Dieu se
révélait à travers eux de diverses
manières? Si Jésus a enseigné les douze (onze
et un traître) plus que tous les autres disciples sur la
manière de Lui obéir, c’est parce qu’Il
voyait plus loin que cet événement historique, unique
et complet. Le Seigneur faisait une grande différence entre
un combattant aguerri, formé par Ses soins lors
d’épreuves proportionnées à son
endurance, et un soldat enrôlé dans Son armée,
bien que l’Esprit fût répandu sur eux tous par
ce baptême.
Commençons par noter qu’aujourd’hui le Seigneur
a remis en lumière des dons tels que le parler en langues,
le pouvoir de guérir des malades et même celui de
ressusciter des morts, pour ne citer que les plus impressionnants.
Qu’en est-il de ceux qui reçoivent un ou plusieurs de
ces dons? Ont-ils vraiment été formés comme
l’ont été les apôtres et sont-ils devenus
absolument comme eux? Si tel était le cas, il y aurait une
grande dose de lucidité chez ceux qui ont le don de parler
en langues, puisqu’ils connaîtraient le renoncement
comme l’ont vécu les apôtres avant qu’ils
donnent à leurs frères des leçons de vie. Or
il se trouve que beaucoup de ceux qui l’exercent se
comportent comme des hommes ordinaires, sans plus, le reste du
temps où ils ne prient pas par l’esprit. Leur langue
et leur entendement ne sont donc pas dirigés par
l’Esprit au quotidien, même si certains s’en
persuadent avec des versets bibliques. Il en va de même pour
ceux qui font des miracles; ils sont très fréquemment
éloignés du comportement exemplaire qu’un
adulte en Christ doit avoir. C’est radicalement
différent de ce que vécurent les apôtres
après leur baptême; ils étaient le
modèle à suivre (Mat. 28, 20). Ils reproduisaient ce
qu’ils avaient appris du Seigneur, afin que les premiers
chrétiens puissent à leur tour grandir
jusqu’à la plénitude de l’humanité
parfaite qui était en Jésus-Christ. Les prodiges
confirmaient que le Seigneur était avec eux tous.
Il y a aussi d’autres faits qui contredisent toute opinion
qui lie le parler en langues à la gouvernance de
l’Esprit: ce don est présent dans les
dénominations réformées et dans les
églises traditionnelles où le mouvement charismatique
s’est ancré. Il peut être reçu dès
la nouvelle naissance, comme au début de
l’Église, et paraît le plus souvent
isolé, sans ajout de quoi que ce soit d’autre, ce qui
prouve qu’il a sa source en Jésus-Christ, le seul
point commun de ces cas de figure où il existe.
Toutes ces constatations montrent que les opérations de
l’Esprit à travers un enfant de Dieu ne sont pas la
garantie qu’il est baptisé dans l’Esprit comme
l’ont été les apôtres. On peut
très bien manifester le désir de plaire au Seigneur,
voir des conversions et être une mine de merveilles au cours
de sa vie chrétienne, tout en se trompant grandement sur des
points d’édification. Cela était
déjà vrai dès le commencement du
ministère apostolique, si nous lisons bien les
épîtres des différents auteurs bibliques. Tous
enseignent la même voie à suivre, et leurs
exhortations témoignent combien les églises
manquaient de maturité bien qu’elles eussent des
signes et des encouragements de l’Esprit, parce
qu’elles avaient du mal à absorber la nourriture
solide et ne parvenaient pas à faire la différence
entre ce qui vient d’En-Haut (ce que notre Père attend
de nous) et ce qui vient d’en bas (ce que nous sommes
prêts à faire pour Lui). Elles confondaient
l’exercice des dons avec le culte intelligent.
"Nous avons beaucoup à dire
là-dessus, et des choses difficiles à expliquer,
parce que vous êtes devenus lents à comprendre
[paresseux à écouter]. Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez
être des maîtres, vous avez encore besoin qu’on
vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu, vous en
êtes venus à avoir besoin de lait et non d’une
nourriture solide. Or, quiconque en est au lait n’a pas
l’expérience de la parole de justice; car il est un
enfant. Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour
ceux dont le jugement est exercé par l’usage à
discerner ce qui est bien et ce qui est mal."
(Héb. 5,11-14)
Notre dernière remarque est qu’à
l’inverse, beaucoup de chrétiens, y compris parmi les
plus grands témoins, ne parlent pas en langues mais sont un
modèle de fidélité à Jésus dans
ce qu’ils entreprennent. Certains même resplendissent
de la gloire de Dieu à faire pâlir d’envie
quiconque ouvre grand les yeux du cœur, ce qui signifie que
ces serviteurs sont attentifs aux mouvements de l’Esprit et
restent à la hauteur des exigences que le Seigneur met
devant eux. D’ailleurs, un bref retour sur le passé en
dit long. Nous voyons que nos prédécesseurs, qui nous
ont transmis le flambeau de la Bonne Nouvelle sans
expérimenter toutes les richesses de la grâce que nous
possédons aujourd’hui, ont nécessairement fait
acte de foi, ont reçu toujours plus d’intelligence
d’En-Haut au cours de leurs recherches et sont parvenus
à exprimer des paroles de connaissance dans leurs
écrits qui restent toujours valables pour notre instruction
et pour l’avenir. Par qui leur persévérance et
leurs œuvres ont-elles bien pu prendre forme en eux, si ce
n’est par le Saint-Esprit? Foi, intelligence, connaissance:
Ne sont-ce pas là des dons majeurs parmi ceux inscrits en
toutes lettres dans l’Écriture et dont les
trésors spirituels qu’ils ont
révélés portent du fruit pour le bien commun
par-delà les siècles? Certes, ils n’ont rien
pour captiver le regard, pour attirer les foules avides de fortes
émotions et de distributions de cadeaux célestes,
mais ils permettent à Jésus d’être le Roi
de l’âme si on prend soin de les cultiver. Car
l’on ne peut croître en Christ que de
l’intérieur et qu’en suivant la doctrine des
textes sacrés; parler en langues du matin au soir et sept
jours sur sept édifie (porte à la vertu, à la
piété) l’enfant de Dieu, mais ne change pas son
être. Il faut un bouleversement dans sa vie pour qu’il
remette en cause sa religion évangélique et ses
calculs de rentabilité. Il faut une révélation
qui l’éclaire sur la présence de la chair
insoumise en lui et qui le laisse inerte et sans voix, prêt
à observer la Parole, c’est-à-dire ce que le
Seigneur lui dira en privé. Personne ne peut se soustraire
à la règle, et quiconque n’a pas reçu la
divine correction ne connaît pas le baptême en Christ
dans son intégralité, et donc
l’épanouissement qui en découle. Sa
problématique, c’est son "moi, je".
Qui ose donc prétendre devant ces évidences que le
baptême dans l’Esprit des apôtres devient
réalité en nous quand nous parlons en langues? Un tel
concepteur fait une fixation sur ce don et une erreur
d’interprétation, comme le font tous les enfants
lorsqu’ils essayent de se représenter le monde des
adultes; et même s’il a à son actif le plus
grand exploit de l’univers, il ne parle pas exactement selon
Dieu, selon les écrits apostoliques. Ceux qui vont à
sa suite font de même, ils ne savent pas ou n’entendent
pas crucifier les extravagances de la chair, ce qui était
déjà la spécialité des Corinthiens, qui
repoussaient leur père spirituel et ses mises en garde
contre cette dérive, parce cette assemblée
était très riche en manifestations spirituelles. En
vérité, le Saint-Esprit a dispensé ses dons
comme Il a voulu depuis la Pentecôte, et à
l’heure actuelle, Il le fait d’une manière plus
pressante, comme si l’Église, qui est un corps en
pleine croissance, était sur le point de se tenir debout,
était enfin devenue presque adulte pour se mettre en marche
à l’appel du divin Maître. Au fil des
générations, depuis deux millénaires, nous ne
faisons qu’entrer petit à petit dans tout
l’héritage de la gloire de Dieu par l’Onction et
les divers réveils, comme tout processus de création
dans ce monde tangible, en absorbant la vérité
contenue dans la Parole. Prenons ce que nous vivons non pas comme
l’apothéose, la redécouverte du message
chrétien à cause de ce que nous voyons, mais
plutôt comme un avertissement, une occasion pour accumuler
une provision de forces spirituelles, parce qu’il se pourrait
bien que demain le témoignage de Jésus traverse des
temps difficiles, malgré les oracles qui annoncent que la
boucle est bouclée et que l’enlèvement est
imminent chez ceux qui s’improvisent prophètes, parce
qu’ils se croient totalement dans l’Esprit depuis
qu’ils parlent en langues.
Quant à l’interprétation toute
particulière qui consiste à dire que du moment que
tous parlaient en langues, c’est donc que tous doivent
posséder ce don pour dire qu’ils sont baptisés
du Saint-Esprit, elle est du même genre de raisonnement que
celui-ci: Puisqu’il est écrit que Dieu veut que tous
les hommes soient sauvés et que Jésus, une fois
élevé, attirera tous les hommes à Lui, donc
tous les hommes se tourneront un jour vers le Seigneur et seront
sauvés! Ici le donc est faux. Il en va de même avec la
doctrine d’un baptême complémentaire qui a fait
son apparition lors d’un récent réveil et qui a
institué par la suite le parler en langues comme
étant la marque de ce baptême, lorsque l’Esprit
l’a répandu avec d’autres de ses manifestations
au tout début du siècle dernier. Non seulement
l’apôtre Paul -le seul architecte choisi par le
Seigneur pour expliquer avec précision ce qui se passe
à l’intérieur du Corps et de l’être
humain- remet clairement les choses en ordre sur les dons
spirituels, leur acquisition et leur pratique, mais il est à
remarquer que ceux qui ont choisi les Actes comme base
d’enseignement au détriment de ce qui est écrit
dans les épîtres et qui ne peut être
effacé, font toujours preuve d’un manque de
sainteté, alors qu’ils affirment être mieux
baptisés que les chrétiens des autres
dénominations et des précédentes
générations! Ils sont même tellement convaincus
de baigner dans toute la vérité
révélée qu’ils s’attendent,
à chaque instant, à être enlevés vers
les hauteurs célestes, comme si l’œuvre de Dieu
s’achevait ici-bas à travers leur originale conception
du plein Évangile (Jésus sauve, baptise,
guérit et revient tantôt), qui, pour rappel, ne
respecte pas la vision apostolique du baptême et
n’intègre pas le processus de mortification de la
chair, développé dans tous les textes scripturaires!
La multiplication de ce type de baptême ne leur a rien
apporté en stature, sinon de la complaisance envers
eux-mêmes, à l’instar des enfants mal
éduqués. Il n’y a pas plus dispersé
à présent que le milieu évangélique et,
plus le temps passe, rien n’y fait, parce que chacun campe
sur ses positions et n’est aucunement disposé à
remettre en cause le moindre iota de ce qu’il pense
être un acquis spirituel. Ce qui manque à cette
manière de lire la Bible, qui agence mal les oracles de
Dieu, c’est l’Onction de sagesse, que l’on
acquiert qu’après le jeûne spirituel et la mise
en quarantaine, lorsque l’on passe à l’âge
adulte, comme l’ont fait tous ceux qui nous ont
précédés dans la Parole à travers leur
épreuve de foi. Seul le parcours victorieux de la
vallée de l’ombre de la mort peut rompre la roideur de
cou qui est responsable des louvoiements du peuple de Dieu.
Enfin, si nous prenons note des paroles prononcées lors de
la manifestation de ce don, nous pouvons constater qu’elles
sont de deux sortes: Il y a celles qui peuvent faire l’objet
d’une interprétation et celles où il ne se
passe rien. Dans le premier cas il peut s’agir au
départ d’une langue connue ou pas, dans le second cas,
ce sont plutôt des balbutiements qui reviennent
fréquemment et qui sont propres à chaque enfant de
Dieu. En effet, chaque frère ou chaque sœur a sa
façon de louer le Seigneur. Nous pouvons également
relever que certaines voyelles sont moins fréquentes que
d’autres, comme le "u" par exemple dans notre langue, que les
consonnes les plus difficiles à articuler sont
laissées de côté et que parfois il y en a qui
se mettent à rouler les "r" lorsqu’ils
élèvent leur cœur vers Jésus. Tout ceci
nous fait penser que nous sommes ici en présence de
bredouillages des futures langues célestes que nous
pratiquerons dans le Royaume, et que maintenant de plus en plus
d’entre nous commencent à s’y exercer, sans pour
autant rayonner de la puissance et de la présence du
Seigneur plus que les autres membres du Corps.
Le parler en langues est la preuve irréfutable du parler en
langues; rien de plus, rien de moins. Il n’est qu’un
signe parmi d’autres signes de la puissance spirituelle
auxquels il peut être associé dans un
ministère, selon ce que l’Esprit décide. Il ne
demande aucune condition à remplir pour le recevoir (si ce
n’est de l’accepter par la foi quand le Seigneur le met
à cœur et de persévérer
jusqu’à son obtention) et ne nécessite aucune
éducation pour l’exercer, contrairement à la
sagesse, qui ne se développe qu’avec l’attention
et beaucoup de persévérance, y compris chez ceux qui
ont vécu une expérience qui a ranimé leur
âme assoiffée. Et si Jacques dit que la sagesse peut
être reçue tout simplement en la demandant à
Dieu, il fait référence à la gestion du
quotidien de tout un chacun. Nous devons toujours nous tourner vers
le Seigneur pour la moindre de nos décisions dans ce monde
de vanité et nous attendre à Lui pour recevoir Ses
directives. Mais, pour les points de l’Écriture qui
posent un problème de compréhension, il faut recevoir
plus d’Onction, il faut se donner la peine d’aller
à la grande école de la Sagesse, ce qui est en
parfaite conformité avec les autres textes scripturaires,
qui rendent témoignage que c’est après bien des
épreuves de foi (Ps 90, 7-12), dans l’apprentissage de
la soumission à Dieu (Prov. 29,15) et par
l’assiduité à l’étude de toute la
Bible (2 Tim. 3,15) que l’on devient intelligent et savant.
La Pâque précède la Pentecôte. Nous
communions au sang de Jésus, à sa mort pour la
purification de nos péchés, mais aussi à son
corps brisé, meurtri avant sa mort, ce qui signifie
que nous acceptons de suivre ici-bas la même discipline, nous
nous engageons à endurer jusqu’au bout les souffrances
nécessaires pour voir tarir la source de nos transgressions
et arriver à maturité.
C’est une chose honteuse que de se glorifier du parler en
langues et d’enseigner que le Saint-Esprit est devenu le
Directeur, le Président de leur vie chez ceux qui ont
reçu ce don. Toute doctrine qui va plus loin que ce que
disent les apôtres, ne corrige pas les manquements de
l’Écriture, mais égare du droit chemin
quiconque s’en nourrit. Elle doit être
rectifiée, voire, si nécessaire, jetée au feu,
car elle altère la sanctification.
Le parler en langues n’est pas un moyen commode pour recevoir
plus de lumière sur soi et ne permet pas de brûler les
étapes d’une longue écoute auprès du
Seigneur pour apprendre à travailler avec Lui sans y
mêler sa propre cause. Il est cependant indispensable pour
louer Dieu sans les contraintes naturelles, à la hauteur de
ce qu’Il est en droit d’attendre, et lui seul
élève l’âme humaine jusqu’au
langage des anges pour lui faire ressentir l’éternelle
adoration qui remplit le tabernacle céleste et qui se
répand jour et nuit devant le trône de gloire.
Je prierai par l'esprit, mais je
prierai aussi avec l'intelligence (1 Cor.
14,15)