Force est de constater que le repas du Seigneur est
tourné du côté de l'abaissement du Fils pour
nous rappeler qu'Il rendit l'Esprit et fut séparé du
Père à cause de nous, pour la rémission de nos
péchés, pour que nous puissions vivre en et par Lui.
Mais une telle abomination nous révèle à
présent les profondeurs mêmes de Dieu, l'ineffable
affection que porte le bon Pasteur aux brebis qu'Il est venu
chercher.
"Il n'y a pas de plus grand amour que de donner
sa vie pour ses amis."
(Jean 15,13)
Or ce que nous cherchions au départ, c'est de savoir comment
un chrétien peut croître en Christ tel qu'Il est
aujourd'hui dans son corps ressuscité et glorifié.
Puisqu'il ne peut manipuler l'Esprit d'une manière ou d'une
autre, il ne lui reste plus qu'une seule possibilité: se
nourrir directement de la vie victorieuse de son Libérateur.
La Bible, sûre garante de la vérité, nous fait
savoir que de cet endroit secret qu'est notre esprit, le
Saint-Esprit rayonne jusque dans notre cœur pour qu'au moyen
de notre intelligence nous puissions prendre conscience de notre
filiation par adoption, ainsi que de ses discrets avertissements
qui nous feront connaître les intentions du divin
Berger.
"Vous avez reçu l'Esprit d'adoption, par
lequel nous crions: Abba! Père! L'Esprit lui-même rend
témoignage à notre esprit [conscience éveillée] que nous sommes enfants de Dieu... De même aussi
l'Esprit nous aide dans nos prières, intercède par
des soupirs inexprimables."
(Rom. 8,15-16;26)
"L'Esprit de vérité vous conduira
dans toute la vérité... Il me glorifiera, parce qu'il
prendra de ce qui est à moi et vous
l'annoncera."
(Jean 16,13-14)
On ne peut trouver paroles plus limpides: le Saint-Esprit
n'enseigne aux disciples du Christ qu'à se tourner vers le
vrai Dieu pour L'adorer et ne peut rapporter que ce qui appartient
au seul Homme glorifié dans le Ciel. Il n'y a point
d'exception à la règle. Il y aurait antinomie s'il en
était autrement dans les Écritures, si
l'Éternel avait pris la parole pour détourner ses
créatures de la seule Lumière qu'Il fréquente.
Et qu'elle est pour nous la conséquence directe d'une marche
dans l'Esprit qui inspire la crainte de Dieu, et seulement cela?
C'est qu'il est aisé de comprendre, à moins
d'être lourdement faillible et pétri de
contradictions, qu'une vénération particulière
sur l'autel de notre lieu saint (dans notre cœur),
c'est-à-dire, en fait, une dévotion envers une autre
personne que l'unique Médiateur entre Dieu et
l'humanité à racheter, est immanquablement
l'œuvre obscure de l'esprit de l'erreur, quels que soient les
prodiges qui s'y rattachent, les sentiments éprouvés
lors d'un tel hommage ou les déclamations des pontifes
visant à accréditer le bien-fondé de ce culte.
Pour nous, participant de Christ et de la nature divine, et ne
pouvant prier que notre Père par le Consolateur qui nous a
été donné comme seul Dirigeant de notre vie,
nous nous engageons désormais dans la voie de la
sanctification, sans béatification ni purgatoire, et cela
avec quelle assurance en perspective, sachant que le miracle est
complet?
"Mais maintenant, étant affranchis du
péché et devenus esclaves de Dieu, vous avez pour
fruit la sainteté et pour fin la vie
éternelle."
(Rom. 6,22)
Il viendra un temps où les
hommes ne supporteront pas la saine doctrine. (2 Tim.
4,3)